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Julien Tanguy

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Roulin

Eugène Boch
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La boutique du père Tanguy
a été recréée récemment
au même endroit.
On y vend actuellement
des estampes japonaises.
Elle est aussi le siège de l'association
"autour du père Tanguy"
créé par
Bernard Vassor
qui a beaucoup Suvré pour la reconnaissance du père Tanguy.

Bernard Vassor est
l'auteur de très nombreux articles
sur les artistes, les écrivains,
les lieux du Paris du XIXe
et du début du XXe siècle.
Un site très riche vous attend
à l'adresse suivante :

http://autourduperetanguy.blogspirit.com/

 

 

 

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Julien Tanguy

Né en 1825 à Saint Brieuc, Julien Tanguy arrive à Paris vers 1860, travaille comme plâtrier, puis comme broyeur de couleurs.
Révolutionnaire, il participe à l insurrection de la Commune de Paris en 1870, est arrêté puis emprisonné pendant quatre ans à Brest.
A son retour du bagne, il ouvre une petite boutique de marchand de couleurs rue Clauzel où ses convictions seront mises au service des artistes d avant-garde.
Sa petite boutique à l'unique vitrine a vu passer parmi les plus grands artistes de l'époque : Cézanne, Monet, Seurat, Degas, Manet, Gauguin, Toulouse-Lautrec, E. Bernard, et bien sûr, Van Gogh avec qui il se liera d'amitié.

Rue Clauzel.

Selon Emile Bernard : « L'école de Pont-Aven est née dans la boutique du père Tanguy ». « Pendant des années, dit-il, on allait chez Tanguy comme au musée pour voir les quelques études de l'artiste inconnu Paul Cézanne. Il était alors une des rares personnes à croire en son talent. Les membres de l'Institut, les critiques influents et les critiques réformateurs visitaient ce modeste magasin, devenu à son insu la fable de Paris et la conversation des ateliers ».

Ainsi, Monet, artiste encore peu connu a rapporté cette anecdote à Sacha Guitry : « Van Gogh a fait un admirable portrait du père Tanguy. Le père Tanguy était marchand de couleurs, rue des Martyrs. Sa boutique était tout à fait minuscule et sa vitrine si petite qu on ne pouvait y montrer qu'un tableau à la fois. C est là que nous avons commencé, chacun de nous, à exposer nos toiles. Le lundi, Sisley, le mardi, Renoir, le mercredi, Pissarro, moi le jeudi, le vendredi, Bazille, et le samedi Jongkind. C est donc ainsi que chacun à son tour nous passions une journée dans la boutique du père Tanguy. Un jeudi, je bavardais avec lui sur le pas de sa porte, quand il me désigna du doigt un vieux petit monsieur, portant collier de barbe blanche, important, chapeau haut de forme, qui descendait à petits pas la rue. C était Daumier - que je n avais jamais vu. Je l'admirais passionnément et mon coeur battait fort à la pensée qu il allait peut-être s'arrêter devant ma toile. Prudemment, nous rentrâmes dans la boutique, Tanguy et moi, et, au travers des rideaux de lustrine que j écartai un peu, je guettai le grand homme. Il s arrêta, considéra ma toile, fit la moue, haussa l une de ses épaules - et s en alla. M ayant raconté cela Claude Monet me regarda fixement et, gravement me confia : Cela été le plus grand chagrin de ma vie ». (Sacha Guitry, Portraits et anecdotes).
Le « Socrate de la rue Clauzel », comme l'ont surnommé les peintres de l atelier Cormon, se déplaçait aussi pour vendre ses couleurs et ses toiles dans les ateliers et sur les lieux fréquentés par la génération des Impressionnistes : la Grande Jatte, Barbizon, Argenteuil &

Les premiers mois où Vincent Van Gogh est à Paris, il vit chez son frère rue Massé (anciennement Laval, au 25) qui est toute proche de la rue Clauzel où se trouve la boutique de Tanguy.

A la recherche de matériel de peinture le moins cher, Vincent a pu découvrir cette boutique, à moins que Theo, depuis longtemps à Paris, ne l'ait fait connaître à Vincent. Toujours est-il que Tanguy va devenir le principal fournisseur de toiles et de peintures de Vincent, puis son premier marchand. Les oeuvres de Vincent seront exposées dans sa petite vitrine et à l'intérieur du magasin. Vincent y rencontrera de nombreux peintres.

Il est avéré que Tanguy, très généreux avec Vincent, échangeait des Suvres contre de la peinture ou des toiles. Il lui a aussi acheté quelques peintures. Dans une lettre à Theo (506 F), concernant le portrait de leur ami (peint en janvier 87), il déclare : « il est vrai que l'on m'a payé 20 francs pour le dernier ». A cette même époque, il réalise aussi le portrait de Madame Tanguy.


Plus tard, en septembre, en compagnie de Bernard devenu son ami le plus proche, il retravaille à deux nouveaux portraits de Tanguy (d'après un dessin préparatoire).

En arrière-plan de ces deux tableaux, des ukiyo-e (estampes japonaises) représentant un cerisier en fleurs, une geisha, le Mont Fuji et un bouquet de belle-de-jour.

Le nom du père Tanguy revient dans de nombreuses lettres que Vincent écrit à son frère après son départ de Paris. Des lettres d'Arles, de Saint Rémy ou d'Auvers.
Ainsi, en avril 1888, d Arles, Vincent Van Gogh écrit à Theo : « Dis bonjour à Tanguy pour moi. C est un si drôle de bonhomme, et je pense encore souvent à lui. S'il veut des tableaux pour sa vitrine, il en aura d ici, et des meilleurs. Les gens sont la racine de tout. »
En juillet, toujours à propos de Tanguy, il écrit : « Je ne sais si je pourrai peindre le facteur comme je le sens, cet homme est comme le père Tanguy en tant que révolutionnaire, il est considéré comme bon républicain parce qu'il déteste cordialement la république de laquelle nous jouissons, et parce qu en somme il est désenchanté de l idée républicaine elle-même ».
Plus loin : « Si j arrive à vivre assez vieux, je serai quelque chose comme le père Tanguy ».
Toujours en juillet, Tanguy, qui rencontre de graves problèmes financiers, envoie à Theo un récapitulatif de ce que lui doit Vincent (il l a fait aussi pour Cézanne et probablement pour d autres peintres).
Mais Vincent nie une part de ce « compte absurde » et en veut surtout à la mère Tanguy qu il accuse d être vénéneuse, « Xantippe » qui maltraite son mari : Pour lui, « Tanguy antique chrétien est plus martyr et esclave que maquereau ». Il demande néanmoins à Theo de ne pas se fâcher avec lui et d en régler une partie.
Quelques semaines plus tard, il demande à Theo d « échanger avec Tanguy ses fleurs avec une nouvelle étude ».
Quand Vincent se lie avec le facteur Roulin, il le compare au père Tanguy : « figure très socratique. Républicain engagé comme le père Tanguy. Un homme plus intéressant que bien des gens ».
Le 9 septembre, dans une lettre à Theo, Vincent lui demande de donner à Tanguy d autres toiles: « Si tu donnais au père Tanguy la couleur plus grossière, il ferait cela probablement bien. Les autres couleurs fines sont réellement inférieures, surtout pour les bleus. J espère gagner un peu de qualité ».
Le 22 septembre, rêvant d « une existence de peintre japonais, vivant bien dans la nature et petit bourgeois », il déclare : « Si j arrive à vivre assez vieux, je serai quelque chose comme le père Tanguy ».

Quand Theo s installe avec sa femme Cité Montmartre, il loue une mansarde dans la maison de Tanguy pour entreposer les très nombreuses toiles que Vincent lui a envoyé. Il écrit : « Tanguy expose beaucoup de toiles, espère vendre le banc avec le lierre ».
Tanguy proposait à la vente les plus belles peintures de Vincent. Le 12 février, quand Theo envoie des toiles de Vincent pour une exposition, Vincent lui écrit : « je t'enverrai quelques toiles, si pas sèches, tu ferais un choix dans celles qui sont chez Tanguy ».
Le premier article de presse qui évoque Vincent l associe à la boutique de Tanguy : « Aurier s'intéresse beaucoup à ce que tu fais et a montré un petit journal qu'il dirige où il parle de la boutique de Tanguy et où il cite aussi tes tableaux ».
Mais quand il quitte Saint Rémy pour Paris, Vincent est très déçu de la façon dont ses toiles sont remisées dans la mansarde de l immeuble de Tanguy et voudrait vite les récupérer.
Installé à Auvers, il cherche un nouvel atelier : « J'ai encore rien trouvé d'intéressant en fait d'atelier possible et il faudra pourtant prendre une chambre pour mettre les toiles qui sont de trop chez toi et qui sont chez Tanguy. car il faut beaucoup y retoucher » (638 T 3 juin).
Le mardi 10 juin (l 640), il écrit : « Veuillez prier le père Tanguy de se mettre incontinent à l'Suvre pour déclouer toutes les toiles qui sont sur châssis là-haut dans la mansarde. Il fera des rouleaux des toiles, des paquets des châssis. Alors j'enverrai le messager de Pontoise ou bien je viendrai dans une quinzaine avec M. Gachet pour en prendre une partie ».

Dans quelle mansarde étaient déposées les Suvres de Vincent ?


Quand il est à Auvers sur Oise, Vincent fait toujours acheter ses fournitures chez Tanguy, comme le prouve cette lettre (642) du 16 juin où il écrit : « prendre la couleur chez Tanguy qui se donne du mal à emballer les toiles ».
Dans la lettre de Theo du 5 juillet : « Viens donc dimanche si tu veux par le premier train, tu verras le matin Walpole qui vient voir tes tableaux chez Tanguy.
Ne supportant pas de voir ses Suvres se détériorer, Vincent cherche un atelier à Auvers : « Je peux avoir un logement, trois petites pièces à 150 f par an, si je ne trouve pas mieux, et j'espère trouver mieux, en tous cas préférable au trou à punaises chez Tanguy et d'ailleurs j'y trouverais un abri moi-même et pourrais retoucher les toiles qui en ont besoin. De telle façon les tableaux s'abîmeraient moins et en les tenant en ordre la chance d'en tirer quelque profit augmenterait. car - je ne parle pas des miennes - les toiles Bernard, Prévot, Russell, Guillauminn, Jeanin qui étaient égarées là, n'est pas leur place ».

Tanguy sera très peiné de la mort de Vincent.Octave Mirbeau, visitant Tanguy après l enterrement de Vincent, rapporte ses propos : « Ah ! Le pauvre Vincent ! s exclamait douloureusement Tanguy. Quel malheur, Monsieur Mirbeau ! Quel grand malheur ! Un pareil génie ! Et si bon garçon ! Tenez, je vais encore vous en montrer de ses chefs-d Suvres ! » Le Père Tanguy alla chercher des Van Gogh dans son arrière-boutique. Il revint avec quatre ou cinq toiles sur les bras et deux dans chaque main, dit Mirbeau, puis il les disposa amoureusement contre le dossier des chaises. Tout en cherchant pour les toiles le jour favorable, il continuait à gémir : « Le pauvre Vincent ! 'en est-il des chefs-d'oeuvre, oui ou non ? Et il en a ! Et c'est si beau, voyez-vous, que quand je les regarde, ça me donne un coup dans la poitrine & »
En juin 1894, la vente après décès du Père Tanguy donne à Vollard l'occasion d'acquérir des toiles de Cézanne, de Gauguin et de Van Gogh à très bas prix, ainsi que des Suvres d'artistes plus reconnus, tels Pissarro ou Guillaumin. Vincent Van Gogh a peint en tout trois portraits du Père Tanguy, dont l un se trouve au Musée Rodin à Paris. On connaît aussi un dessin qui est une étude préparatoire des tableaux de Janvier.

D'autres peintres ont fait le portrait de Tanguy : Bernard, Cézanne, Daumier,
Monet ?

Tanguy par Emile Bernard

 

Sources : Correspondance Vincent - Theo
Vincent à Paris, catalogue du Musée d'Orsay
Remerciements à Bernard Vassor

 

 

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