Vincent
a toujours mis l'art des portraits au-dessus de tout autre :
« Ce qui me passionne le plus, davantage que le reste
dans mon métier, c'est le portrait, le portrait moderne
».
lI s' y est appliqué, particulièrement à
Paris, en regrettant souvent son
"manque d'argent pour les modèles". A défaut,
il a peint des autoportraits.
Sur les quelque sept cents peintures qu'il a réalisés
en dix ans, près de quatre-vingt sont des portraits ou
des autoportraits, soit plus d'une peinture sur dix.
Sur les trente-six autoportraits qui nous sont parvenus, la
grande majorité (vingt-huit) date de la période
parisienne (1886-1887).
Cinq ont été peints ensuite à Arles (1888-89),
dont les deux fameux à l'oreille coupée. A Saint
Rémy (1889-90), où il a été particulièrement
malheureux et malade, il en a réalisé seulement
trois.
Le dernier, celui « aux flammèches », particulièrement
lumineux, est sans doute le plus beau.
De
son premier autoportrait au fusain, jusqu'au dernier de Saint
Rémy, Vincent a fait le portrait de sa solitude, de son regard,
qui reste, au delà des styles picturaux (classique à
la Rembrandt, impressionniste, japoniste, etc.) toujours le
même.
Il se peint toujours en buste, de trois quart droit (16 vers
la gauche, 14 vers la droit et 6 plutôt en face). Dans
trois seulement, il pose en "peintre " avec chevalet et pinceaux..
Il est presque toujours
barbu sauf les 2 à l'oreille bandée (on lui a rasé
la barbe à l'hopital), et celui en "paysan de Zundert"
(son avant dernier portrait).
D'autres "autoportraits
en pied" existent.
des représentations de lui-même en jeune homme
heureux à La Haye, en promeneur, en peintre sur la rote
de Tarascon, en Lazare, en prisonnier...
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Si
dans ses dessins de La Haye (1882), Vincent a fait plusieurs
fois le portrait d'un vieil homme (avec des rouflaquettes),
la première série de portraits peints a été
réalisée à Nuenen en 1884-85. Une famille
de paysans (celle des « Mangeurs de pommes de terre »)
lui a servi de modèle, et pour cela, il a réalisé
de nombreuses études de chaque individu (le père,
la mère, les deux jeunes filles, le fils).
L'année
suivante, à Anvers, il peint quelques portraits (fille
du peuple, vieillard barbu, et deux femmes).
Extraits
de sa correspondance :
Anvers, décembre 1885
"L'idée de faire des portraits, je ne la lâche
pas, car c'est une bonne chose que de tenter cela, de montrer
aux gens qu'il y dans une personne autre chose que ce que le
photographe est capable d'en tirer avec sa machine.
Un portrait peint a une vie propre, issue des racines de l'âme
du peintre, à quoi la machine ne peut atteindre".
Anvers, janvier 86
"Je cherche à me perfectionner à force
de travail.
(...) Portraits, j'en ai fini deux assurément ressemblants
(femmes d'Anvers). J'aime de plus en plus peindre des portraits.
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